L' empowerment, qu'est-ce que c'est ?

L’empowerment ou littéralement « la prise de pouvoir » en français, si on l’associe au vêtement, c’est la prise de pouvoir par le vêtement.

On a beaucoup parlé de l’empowerment féminin qui revient pour les femmes à soit rentrer dans les codes de la virilité pour être des femmes travesties en hommes soit des femmes « objet » qui usent de l’imagerie de la séduction pour « prendre le pouvoir ». Ces jeux de pouvoirs sont souvent destructeurs, ce sont ces mêmes jeux qui poussent la mannequin Emily Ratajkowski à s’interroger : « A quoi ressemble le vrai empowerment ? Est-ce se sentir désirée ? Est-ce retenir l’attention des autres ? »

 Alors ce serait quoi « le vrai empowerment » ? Est-ce qu’il ne s’agit pas plutôt d’une prise de pouvoir sur soi ? D’une meilleure compréhension de qui nous sommes ? D’une meilleure compréhension de l’image pour s’en libérer ?

 Si la fonction première du vêtement est celle de nous couvrir pour avoir chaud en hiver, elle a aujourd’hui perdu son importance face à nos placards bien remplis. L’autre fonction du vêtement dans notre histoire, est une fonction sociale. Les religieux, les rois, ont toujours eu une parure particulière qui symbolisait leur position au sein de la communauté. Ces symboles participaient à définir leur identité et asseoir leur pouvoir.

Sur ces dix dernières années, les créateurs n’ont eu de cesse de jouer avec l’imagerie des codes sociaux et de genre liés aux vêtements. Alors que Virgil Abloh impose sweats et sneakers, apanage de la banlieue chez Vuitton, Alessandro Michele chez Gucci pare les femmes et hommes de manière identique enlevant toute notion de genre au vêtement. Pendant ce temps là, Demna Gvasalia chez Vêtements met en scène le t-shirt DHL et déstructure la normalité d’un look de bureau. En jouant avec ces jeux d’images sociales, les créateurs refusent que le vêtement soit un marqueur social. Qu’est-ce que le vêtement dit de nous ?

Nos choix vestimentaires envoient des signaux au monde extérieur, tout comme notre voix, notre maintien corporel, notre regard ou notre coiffure. Nous pouvons choisir le message que nous envoyons et en être conscient. Celles ou ceux qui se disent bien au dessus de tout ça véhiculent de manière inconsciente leur message. En choisissant notre look en cohérence avec l’histoire que nous voulons raconter, nous gagnons en crédibilité.

Si vous animez un atelier en entreprise, si vous êtes consultant externe, comment souhaitez vous vous présenter aux personnes que vous allez former  sur une journée?Ou encore aujourd’hui vous présentez le bilan de l’année aux dirigeants, comment vous présentez ?

Votre petit ami souhaite vous présenter à sa famille ?

Le vêtement que vous choisirez de porter enverra un message aussi important que votre voix, ou même votre cv, il fait parti de « l’impression » qu’on se fait de quelqu’un. Si il est choisi avec attention, il peut dès lors devenir un vrai atout qui participe à la réalisation de vos objectifs de vie qu’ils soient professionnels ou personnels.

L’empowerment par le vêtement, c’est être conscient du message que nous envoyons aux autres, donc de se servir du vêtement comme d’un outil afin d’obtenir ce qui nous tient à cœur. Cette relation au vêtement est à double tranchant, si il y a une distorsion entre le rôle que nous incarnons et ce que nous sommes, le vêtement jouera alors un rôle de catalyseur ; on cherchera à s’en débarrasser au plus vite pour « se retrouver ».

Comment savoir si on se sent bien dans un vêtement ou non ? Que ressentons-nous en nous voyant dans le miroir ? Sommes nous en accord avec l’image que nous renvoyons ? Est-ce que notre être intérieur peut s’épanouir tout en jouant ce rôle ?

 LE VETEMENT :

UN INTERFACE POUR RENTRER EN COMMUNICATION AVEC SON SOI VÉRITABLE

 Si vous mettez une robe et que vous avez envie de danser avec, alors cette robe est pour vous, elle s’accorde à vous, elle est vous. Les vêtements sont là pour nous parer, pour nous faire rayonner, pour traverser chaque jour dans la joie, et c’est notre ressenti qui va nous guider.   

Souvent j’entends « ceci est très beau mais ça ne me ressemble pas », nous sommes nombreux à s’être construit une représentation de nous bien ficelée avec des frontières à ne pas franchir et une étiquette pour nous classer dans telle ou telle catégorie. Une image souvent bien plus construite en fonction des attentes de nos parents, de notre compagnon ou compagne, de notre environnement social que de notre cœur. Mais quand nous sommes seul(e) avec nous-même devant le miroir, que voyons nous ? De la tristesse, de la résignation ou de la joie, et de la force?

Dans son rôle d’interface, le vêtement nous aide à nous connecter à notre être, c’est un messager libérateur.

 Ce que nous ressentons en essayant un vêtement va nous guider vers nous-même. Une rencontre sans « étiquette », sans « catégorie » parce que chacune existe à travers des concepts qui peuvent parfois apparaître comme contradictoires à notre schéma mental. Souvent au cours d’essayages, j’entends : « je ne m’y attendais pas mais ça me va bien ». Parce que chacune d’entre nous est unique, la manière dont nous porterons le vêtement le sera et c’est cette découverte qui nous fait tant de bien.  

À chacune son style : le stylisme est de ce fait la solution pour adapter une tendance à sa personnalité unique. À chacune de créer sa combinaison, son association particulière de volumes, couleurs, matières, à chacune de prendre soin de sa différence. En ce sens le vêtement offre la possibilité de se réinventer et de sortir du carcan de l’image préconstruite qu’on se fait de nous, de se libérer en quelque sorte d’une normalité imposée pour être.

Je crois qu’au delà du style, chacune et chacun devrait avoir l’opportunité de costumiser son vêtement pour se l’approprier ; ajouter une broderie sur un t-shirt, des perles sur un pull, des clous sur un jean, des œillets et des rubans sur un blouson, des volants sur une robe.

Et si l’’empowerment était avant tout la reconquête de son être et la compréhension de soi par le vêtement ?

 Si la mode a longtemps été pour les femmes non seulement leur seul moyen d’expression mais aussi leur seule solution d’obtenir une indépendance financière, la mode est au delà du matériel un moyen de se libérer de toutes les représentations mentales de notre société pour se connecter à soi et à son pouvoir créateur. Sophia Amoruso qui encourage l’entreprenariat féminin dans son best seller « girl boss » insiste sur la relation que nous entretenons avec nous même, et comment le respect et la confiance que nous plaçons en nous doivent être notre but.

« You are your purpose, even when you don’t have so much faith in the world, have faith in yourself. Because you are the only factor of your life you can have control of. » *

La mode ne cesse de redéfinir le lien que nous entretenons avec nous même, nous poussant toujours plus loin dans la découverte de notre intériorité, dans la compréhension de nos particularités et de nos forces uniques. Que nous soyons homme ou femme, le vêtement peut tout autant être un carcan social que l’expression de notre vrai nous, enfin à pied d’égalité ?

* "Vous êtes votre objectif, même quand vous n’avez plus trop foi en ce monde, ayez foi en vous. Parce que vous êtes la seule chose que vous pouvez contrôler dans votre vie" Sophia Amoruso